15 février 2009
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De la friche au jardin partagé : des habitants au service des habitants
Que se passe-t-il lorsque des habitants motivés transforment une friche en jardin partagé ?
Mixité et proximité
Le Jardin solidaire constitue un terrain de rencontre entre des publics qui ne se côtoient pas habituellement.
Régis Darthez, parle de “rencontre folklorique” entre enfants, personnes en difficulté sociale, personnes âgées et jeunes adultes qui ensemble forment les usagers du jardin.
Actuellement, le quartier des Vignoles change de visage, il accueille des familles plus aisées. Le jardin devient
l’expression de ce mélange de populations.
1. La participation des habitants à l’amélioration de leur cadre de vie
L’expérience du Jardin solidaire, Paris 20e Régis Darthez, président de l’association le Jardin solidaire.
Le Jardin solidaire est né en 2000, de l’initiative d’un artiste plasticien, Olivier Pinalie, installé dans le quartier des Vignoles dans le 20e arrondissement de Paris, quartier populaire en pleine réhabilitation.
En 2001 il est rejoint par une poignée d’habitants du quartier. Ensemble ils souhaitent créer un jardin associatif sur une friche de 2 500m2 qui est alors un terrain vague encombré de détritus divers, mais qui possède néanmoins ses usagers (enfants, squatters…) avec qui il faudra négocier le terrain.
Les premières années, le projet prend des allures de véritable chantier réalisé dans des conditions plus que précaires.
Animer le quartier
Une fois les lieux rendus plus “accueillants”, l’association du Jardin solidaire ouvre le jardin aux habitants du quartier et propose régulièrement des manifestations : Fête de la musique, projections de films en plein air, pique-niques, ateliers de bricolage, etc. Les voisins se sont approprié le lieu, ils animent des ateliers de maquillage avec les enfants du quartier et y viennent pour des événements conviviaux.
La crèche voisine y fait des pique-niques tandis que des adolescents y organisent un festival. “Le jardin permet
de rompre avec l’anonymat de la rue”, comme le souligne Régis Darthez.
Certains de ces événements ont réuni jusqu’à six cents personnes en un week-end, attirant un public bien plus
large que celui des riverains alors que cette partie du 20e arrondissement a longtemps eu l’image d’un quartier laissé à l’abandon.
Valeurs communes
Les membres de l’association du Jardin solidaire veillent au bon fonctionnement du jardin en défendant des valeurs communes : respecter l’environnement et favoriser l’appropriation des lieux par tous les usagers du jardin. Les “jardiniers” revendiquent des valeurs de fraternité et “d’interactivité”.
Les règles d’usage, établies au fur et à mesure, ont parfois dû être réajustées. Par exemple au début de l’histoire
du jardin il existait une buvette payante mais rapidement le groupe a décidé d’interdire toute transaction d’argent,
revendiquant la gratuité des activités. L’association a reçu notamment une subvention de la Fondation de France et
s’appuie sur du bénévolat pour réaliser ses projets.
Une fin programmée
En 2004, l’association Le Jardin solidaire a adhéré à la charte Main Verte de la Ville de Paris. Le jardin est amené à disparaître en septembre 2005 pour laisser la place à un gymnase, des logements sociaux et un parking souterrain, des constructions prévues depuis dix ans.
“C’était le jeu” explique Régis Darthez, “mais nous sommes en droit de nous poser collectivement la question :
est-ce qu’une histoire d’habitants aussi forte que celle du Jardin solidaire ne peut pas avoir plus de poids dans
l’aménagement de l’espace public ?”.